vendredi 19 juillet 2019

Jura, Vosges, Forêt Noire


A la fin juillet, une rencontre entre BIG et Cent Cols était organisée au Schliffkopf, dans la Forêt Noire. Je ne pouvais manquer ça, surtout dans une région où j’avais tous les BIG à découvrir. Disposant de la semaine précédente, j’en profitai pour établir un programme incluant quelques BIG dans le Jura, plus tous ceux des Vosges et de la Forêt Noire.

Mon périple commence le vendredi soir à Antibes où je prends le train pour Lyon. J’y suis sur place pour attraper le lendemain le premier train pour Culoz, au pied du Grand Colombier. La montée offre très vite de jolies vues sur le Rhône et le lac du Bourget. On aperçoit la dent du Chat qui me rappelle une montée ardue effectuée il y a quelques années. Après une ascension pas facile non plus, j’arrive au col et redescends vers le Valromey que je traverse pour attaquer le relais de Planachat. La montée se fait par une petite route en piètre état, étroite et peu fréquentée, comme on les aime. Arrivé en haut, il faut faire quelques mètres sur une piste pour atteindre l’antenne but de la montée, et la table d’orientation juste au-dessus.

Depuis mon inscription au club des Cent Cols, je prête attention aux cols qui jalonnent mes parcours BIG, prévoyant même de légers crochets pour en attraper quelques-uns de plus. Ce que je fis en allant chercher le col de la Lèbe dans la descente du relais (plus tard dans la journée, j’avoue que je laissais tomber la plupart de ces détours). Après le col de Ballon, qui se trouvait lui sur mon parcours, une bonne descente m’amène dans la vallée du Furans et après un court passage sur la nationale, j’attaque la montée vers Ordonnaz et arrive finalement au col de Portes.

J’entame ensuite une liaison assez longue jusqu’au signal de Cuiron. Le trajet est agréable, sur les contreforts du Jura. Le relief est un peu plus marqué que ce que je souhaiterais mais me permet d’engranger un certain nombre de cols avant d’atteindre le BIG. Les pentes qui amènent au signal de Cuiron, sur le mont July, sont ardues, surtout en fin de journée, mais je parviens quand même en haut. Après le BIG, je continue vers le nord en direction du prochain objectif, le mont Poupet, mais il est presque 20 heures et il est temps de chercher un hébergement pour la nuit.

J’étais un peu inquiet car la contrée me semblait très agricole et peu portée vers le tourisme mais un petit coup d’œil à mon téléphone me montre un hôtel tout près, dans le village de Simandre-sur-Suran. Un dernier petit col, le col de la Rousse, et je suis à bon port, après une journée fructueuse à 4 BIG.

Le lendemain je repars plein nord vers le département du Jura, où j’arrive assez vite. Je le traverse presque entièrement en restant toujours à une altitude qui oscille autour des 600 mètres. Mais au moment où j’arrive en vue du Mont Poupet, la route plonge sans rémission vers Salins-les-Bains et me fait donc commencer la montée vers le BIG à une bien basse altitude. Je m’inflige au début des pourcentages énormes en prenant un raccourci qui ne s’imposait sans doute pas, puis retrouve la route principale jusqu’à l’embranchement en cul-de-sac qui amène au sommet. Les 4 derniers kilomètres descendent rarement en dessous des 10%. Après un petit replat, la dernière rampe est la partie la plus terrible mais les derniers hectomètres sont heureusement plats.

Je repars ensuite en direction de Besançon, pour mon dernier BIG en Franche-Comté, le fort de Chaudanne. Je fais mon entrée dans Besançon en suivant des pistes cyclables agréables le long du Doubs, et clôture ma première série de BIG par une nouvelle montée bien raide et ensoleillée, en cette période caniculaire de juillet. Je me rends finalement à la gare, à une douzaine de kilomètres de là, prendre le train pour Strasbourg où je passe la nuit. Les BIG se présentant en effet comme deux lignes parallèles dans les Vosges et la Forêt Noire, j’avais prévu de parcourir les Vosges vers le sud, puis de remonter vers le nord par la Forêt Noire, en commençant et finissant le parcours à la gare de Strasbourg.

Le lendemain une longue portion de plaine m’attend avant d’arriver au pied du premier BIG. Le parcours est agréable le long du canal de la Bruche. Je traverse ensuite le joli centre-ville de Mutzig et entame à Schimerk la montée vers le col du Donon. La montée n’est pas très dure, arrivé en haut je fais demi-tour vers le Champ de Feu. Là non plus les pourcentages ne sont pas effrayants et j’atteins le BIG sans trop de difficulté.

Il y a un grand intervalle entre ces deux premiers BIG dans les Vosges du Nord et les sept autres qui sont tous situés au sud. Le plus rapide aurait été de redescendre dans la plaine et longer le massif mais la solution me paraît trop facile pour être acceptable. Et surtout j’ai envie de jeter un coup d’œil au château du Haut-Koenigsbourg (souvenir de bandes dessinées enfantines). Je prends donc un itinéraire plus montagneux, en accrochant au passage les cols de Fouchy et du Schaentzel. Le château est moins impressionnant vu de près que lorsqu’on l’aperçoit dominant toute la plaine d’Alsace, mais à l’inverse la vue d’en haut sur cette plaine est magnifique et extrêmement étendue.

Après cet intermède touristique, je n’ai plus de scrupules à redescendre, mais mon parcours, que j’avais fait suivre les itinéraires cyclistes recommandés, s’avère une succession de raidards indigestes. Je rate à un certain moment un embranchement, ce qui me ramène sur la grand-route, où je ne suis pas fâché d’avancer rapidement même s’il y a davantage de circulation.

J’arrive ainsi au pied du Petit Ballon. Contrairement aux deux premiers BIG, la montée est très dure, la traversée du village de Wassembourg étant particulièrement raide. J’atteins quand même le sommet, passablement fatigué car la journée touche à sa fin, puis fais demi-tour pour redescendre vers Munster et le col de la Schlucht. Dès le début de la montée je regarde sur le bord de la route s’il n’y a pas un hôtel. Dans Soultzeren, il y en a un dont je me demande s’il est ouvert ou fermé. J’entends à cet instant une voix venant de l’intérieur. Le nouveau gérant, qui était effectivement en train de faire quelques travaux dans l’hôtel fermé, me fait entrer avec un sens du commerce tout oriental. J’ai même droit au repas du soir alors qu’il n’y a personne d’autre que moi dans l’hôtel.

Bien reposé, je termine le lendemain le col de la Schlucht, qui est long mais particulièrement peu pentu. Je traverse ensuite Gérardmer pour aller grimper le col de Grosse Pierre. Ce n’est pas non plus un très gros morceau, la descente que je prends côté Cornimont est beaucoup plus longue. Le BIG suivant, le ballon de Servance, se grimpe par une petite route étroite et agréable, bien qu’irrégulière et assez pentue par moment.

Je m’étais rendu compte en préparant mon voyage que je passais au pied de la Planche des Belles Filles, ascension célèbre du Tour de France, et j’avais rajouté cette montée avec enthousiasme. Mais plus j’approchais plus la petite voix dans ma tête « ce n’est pas un BIG, ce n’est pas un BIG, … » se faisait insistante. Arrivé au pied, en début d’après-midi sous une température de 40°, je me retrouve face à une route large, rectiligne et remplie de véhicules de toute sorte : motos, autos, vélos, … tout le contraire du Ballon de Servance. J’entame la montée mais je prends vite (50 mètres environ) la décision de renoncer à ce supplément a priori peu agréable.

Le BIG suivant est la Ballon d’Alsace, une belle montée aux pourcentages« standard ». Le profil complet est affiché en bas et des panneaux destinés aux cyclistes figurent tous les kilomètres, ainsi qu’au sommet. Un peu avant le BIG suivant, le Petit Drummont, une petite route parallèle à celle du col de Bussang permet de laisser cet itinéraire très fréquenté, tout en faisant découvrir les sources de la Moselle. Les cinq derniers kilomètres sont longs et difficiles, mais avec de la patience je finis par arriver en haut.

Mon dernier BIG de la journée est le Grand Ballon. Je prends pour y accéder une toute petite route au départ de Saint-Amarin. Elle est encore une fois très pentue par moment, et assez dégradée sur sa partie haute. Pour la dernière partie de la montée, je rejoins au col de Haag une route plus importante. Je suis en haut vers 19h30, et espère pouvoir dormir à l’hôtel du sommet, mais il ne peut m’accueillir. Je prends alors la descente, entrecoupée au début de petites remontées dont je me passerais bien à cet instant, et trouve finalement un hôtel juste au pied, dans la ville de Uffholtz.

Le début du lendemain est plat puisque je retraverse la plaine pour aller vers l’Allemagne. Dès le premier BIG, Blauen, je vois que les pourcentages ne seront pas plus faciles que du côté vosgien. La route du deuxième BIG, Belchen, monte jusqu’au parking d’une télécabine, où une très courte portion non goudronnée amène jusqu’aux derniers kilomètres de la montée, réservés aux vélos. Je finis la journée avec le Weißenbachsattel, un col classique sur une route assez importante.

Il est maintenant l’heure de me trouver un hôtel. Le prochain BIG sur ma liste est le Feldberg, point culminant du massif de la Forêt Noire et donc cul-de-sac. Puisque je dois passer à Todtnau à l’aller et au retour, je me dis que dormir là me permettrait de faire la montée le lendemain en laissant tout mon barda à l’hôtel. Ce que je fais et je prends donc en me levant la direction du Feldberg. Depuis la vallée, on aperçoit une tour que je pense être le sommet, mais il s’agit en fait de son petit frère tout proche, le Seebuck. Peu après un col je quitte la route principale et rejoins très vite une station avec de grands hôtels. A partir de là, la fin de la montée se fait sur une petite route au milieu d’un paysage très verdoyant. Une fois le sommet atteint je redescends à mon hôtel où je profite du petit déjeuner avec un bel appétit.

Je repars ensuite pour de bon vers les deux BIG suivants, Schauinsland et Kandel Pass, en haut desquels je fais demi-tour à chaque fois. Arrivé là, je m’aperçois que j’ai mal enregistré sur mon GPS la portion de trace qui devait m’amener au Lochenpass. Heureusement, mon téléphone me sauve puisque j’arrive à y télécharger ce parcours. C’est moins pratique mais j’arrive quand même à avancer. Le Lochenpass est un peu éloigné vers l’est par rapport aux autres BIG et je ne peux pas l’atteindre avant le soir. Je descends donc vers Schömberg pour trouver un hôtel et dois attendre le lendemain pour grimper ce BIG avant de repartir vers les trois derniers de la Forêt Noire : Löcherbergwasen, Schliffkopf et Hornisgrinde.

Après une longue portion vallonnée, j’arrive à une descente très raide qui rejoint le centre-ville de Schiltach, d’ailleurs très joli avec ces maisons à colombage. J’ai réalisé après coup que cette descente correspondait au Natacha Zollhaus, qui mérite pleinement son inclusion dans la liste vu la pente. Je franchis ensuite le Kreuzsattel pour arriver au pied du Löcherbergwasen. Une fois passé cet antépénultième BIG, je retrouve Oppenau en bas de la descente. Toujours soucieux du lendemain, j’avais inclus le Schliffkopf dans mon parcours même s’il était prévu que j’y retourne deux jours après. Mais la route qui m’aurait permis d’enchaîner Schliffkopf et Hornisgrinde était barrée pour travaux. De plus, un panneau indiquant 18% (!) de pente ne m’incitait pas à tenter ma chance au risque de devoir tout redescendre.

Après avoir consulté mon GPS, je prends donc la direction d’Appenheimer, et rejoins la route des Crêtes qui mène à ces deux BIG. J’aurais pu comme prévu atteindre le Schliffkopf au prix d’un aller-retour de quelques kilomètres. Mais il se faisait tard, et sachant que je devais y retourner, je décide donc finalement de laisser le Schliffkopf pour le rassemblement du dimanche et tourne vers Hornisgrinde.

La montée finale vers Hornisgrinde débute près d’un joli petit lac que l’on domine rapidement. Tous les 10 mètres gravis sont indiqués sur la route, ce qui est encourageant. L’ascension se termine au pied d’une tour dans laquelle je n’ai pas pensé à grimper. Je repars vite car il est tard et me trouve un hôtel dans la descente.

Mon programme de BIG s’étant déroulé sans anicroche, je disposais d’une journée entière avant de rejoindre Oberkirch. J’en profitais pour aller grimper le Grand Wintersberg, que j’avais réservé pour ce cas de figure. Pour l’atteindre, j’avais à nouveau une longue traversée de la plaine alsacienne, par Bischwiller, Haguenau et Niederbronn les Bains. La montée du Grand Wintersberg n’est pas trop dure, à l’exception de la dernière rampe. Cette fois-ci je n’ai pas manqué de grimper la tour de 25 m de haut qui se trouve au sommet. Je repars ensuite rapidement vers Haguenau attraper le train pour Strasbourg. Après une vingtaine de kilomètres à vive allure, j’arrive à temps pour attraper le train en provenance de … Niederbronn les Bains ! Décidément, il va falloir que j’apprenne à lire un horaire SNCF.

La reprise du pédalage à la gare d’Appenweier est laborieuse mais le trajet n’est pas très long et je peux ainsi profiter de presqu’une après-midi entière de détente à Oberkirch. Le soir je me joins au dîner à l’hôtel qui me permet de mettre des visages sur quelques Biggers avec qui je suis en contact depuis plusieurs années (je ne vais pas tous les citer, car je suis sûr d’en oublier, mais le cœur y est).

Le lendemain le ciel est très couvert, alors que je venais de passer huit jours très ensoleillés voire caniculaires. Peu importe, nous nous mettons en route. Enrico Alberini avait concocté le parcours, qui se dirigeait vers le Schliffkopf en allant cueillir quelques cols latéraux, en général au bout de montées très pentues (quand ce n’est pas des descentes très pentues qu’il faut remonter ensuite). Je crève en route, aidé pour la réparation par Daniel Gobert qui a dû se faire une piètre idée de mes talents de mécanicien.

Enfin le dernier BIG arrive, et une fois n’est pas coutume, je suis accueilli au sommet par un bon casse-croûte bien réconfortant. Nous mangeons, écoutons les discours des présidents, puis prenons la photo commémorative de l’événement. J’avais réservé mon train de retour, et dans ces cas-là, si je n’ai pas trois heures d’avance, je me considère comme horriblement en retard. Je prends donc congé de tout le monde rapidement et redescends vers la gare d’Appenweier. La petite bruine de la matinée se transforme maintenant en une pluie battante, je longe une voie ferrée mais les horaires affichés à une petite halte me font voir que je n’ai rien à gagner à attendre. La pluie s’arrête, la route est plate, tranquille, j’atteins finalement Appenweier dans de bonnes conditions.

Evidemment à Strasbourg je suis largement en avance et peux même avancer mon départ. A Paris je débarque en pleine arrivée du Tour de France. Après une douche chez ma sœur, nous descendons voir passer les champions. En tant que Niçois, je suis tout fier de voir l’équipe INEOS mener le peloton, encadrant le maillot jaune Egan Bernal. Issa INEOS !Et il ne me reste plus, après la nuit à Paris, qu’à prendre un dernier train pour Nice et rentrer à la maison avec 26 BIG de plus dans mes bagages.

Je ne terminerai pas cet article sans m’accorder un petit satisfecit personnel. En effet, j’avais chargé dans mon GPS une version plutôt ancienne des positions des BIG, et j’avais constaté que certains sommets n’étaient pas très bien placés. Mais en rentrant à la maison avec la ferme intention de tout corriger, j’ai eu la bonne surprise de constater, qu’à l’exception du Kandel Pass où le sommet se trouvait 600 m avant le col, tous les autres avaient déjà été bien replacés. J’ai donc eu le plaisir de constater que le travail, mené avec Etienne Mayeur, de reprise de tous les tracés des BIG n’avait pas été inutile, loin de là.

Plus de photos : http:/cathie.charbonnier.free.fr/piwigo/index.php?/category/162

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire