lundi 4 février 2019

Canaries

La saison BIG a démarré tôt pour moi cette année car j’ai profité de tarifs d’avion vraiment intéressants entre Nice et Tenerife pour aller passer une semaine aux Canaries début février.

Une fois mon billet d’avion pris, il a fallu me préoccuper de louer un vélo, tracer les parcours vers les BIG, et étudier les déplacements entre les îles, puisque les six BIG des Canaries sont dispersés sur quatre îles différentes. Ce qui peut paraître comme une contrainte importune au départ m’a en fait apporté beaucoup de satisfaction, car ces déplacements d’une île à l’autre ont en quelque sorte démultiplié mon voyage en me faisant évoluer dans un environnement toujours très agréable, mais légèrement différent à chaque fois. Et ces îles étant très proches l’une de l’autre, je pouvais les apercevoir en permanence durant mes balades, ce qui m’y faisait retourner un peu par la pensée.

L’arrivée de l’avion était prévue à 16 heures, et le bateau du soir partait pour La Gomera à 19 heures. Cela paraissait jouable, avec la récupération du
vélo entre-temps, mais il ne fallait pas que l’avion soit en retard. Et je regardais l’heure avec angoisse, alors qu’il était 16 heures passé et que l’avion était encore au dessus de la Grande Canarie (dont j’ai d’ailleurs survolé le BIG, le Pico de los Pozos de las Nieves). Mais en atterrissant, j’ai vu que les Canaries avaient une heure de décalage avec Nice, puisqu’elles sont très à l’ouest, et que l’avion était en fait en avance. Je n’ai donc heureusement eu aucun problème d’horaire.

En allant chez le loueur, je m’étais dit qu’il était peut-être préférable de ne pas trop insister sur le fait que je comptais me rendre dans d’autres îles, et j’ai bien fait car quand j’ai lu le contrat en rapportant le vélo à la fin, la sortie de l’île y était bien stipulée comme interdite. Lorsqu’on me demanda mon hôtel, je montrai ma sacoche en disant que j’avais l’habitude de partir en itinérance et de me préoccuper de l’hôtel au fur et à mesure (alors que j’avais réservé un hôtel, mais à la Gomera). Quoi qu’il en soit, je récupère mon vélo, descends vers le port, et me retrouve le soir à San Sebastián de la Gomera, à pied d’œuvre pour commencer dès le lendemain matin ma collecte de BIG.

Encore soumis au décalage horaire, je me réveille très tôt et il fait encore nuit noire lorsque je me mets en route. Et quand le soleil apparaît, je m’aperçois que la brume est encore plus dense qu’à Tenerife la veille. Un panneau dans la montée m’explique même que c’est elle qui apporte aux îles l’eau dont elles ont besoin, beaucoup plus que les pluies qui sont présentées comme très rares. A tout prendre, je me dis que ce n’est pas plus mal comme ça.

Je m’étais posé de nombreuses fois la question, en préparant le parcours, de savoir si je descendrai ou non à Playa de Santiago pour parfaire ma visite de l’île, et je n’étais pas encore tout à fait fixé lorsque j’arrivai au carrefour fatidique. Mais ma préoccupation vis-à-vis du bateau du soir, et surtout mon envie de concrétiser au plus tôt ma quête de BIG, firent que je pris directement la route de l’Alto de Garajonay. L’heure à laquelle je finis mon tour l’après-midi me montra que j’aurais eu largement le temps, mais peu importe, ce sera pour la prochaine fois.

Après un passage dans la forêt, j’atteins le pied de la montée finale. Il y a un kilomètre et demi de piste dallée pour arriver à l’Alto de Garajonay. C’est sans problème avec un vélo de route, même si ça secoue un peu à la descente. J’arrive en haut, prends quelques photos souvenir et me dis avec satisfaction que je ne serai pas bredouille quoi qu’il arrive. Puis je reprends la route vers Vallehermoso, car l’île de la Gomera n’étant pas très grande, j’avais tracé un parcours qui me permettait d’en avoir un large aperçu avant de repartir.

J’avais consulté le guide touristique de l’île, et je m’étais dit qu’il était dommage de passer sans aller jeter un coup d’œil vers Valle Gran Rey. Sans vouloir descendre tout en bas, j’avais repéré un virage à mi-pente qui permettait, d’après les cartes et photos que j’avais pu voir, de jouir d’un beau point de vue sur le bas de la vallée. Mais la brume qui recouvrait l’île me faisait me demander si le détour en valait la peine. Après un ou deux kilomètres, je me dis finalement que je vais m’infliger un aller-retour peu intéressant pour un panorama décevant, et fais donc demi-tour.


A partir de là j’étais encore plus en avance pour le retour au bateau et j’ai donc pu profiter sereinement de la route nord de l’île, qui passe par Vallehermoso et Agulo, et que j’ai trouvée très jolie. A Hermigua, j’avais repéré une petite route passant par Las Nuevitas et Las Poyatas, permettant d’abandonner cinq kilomètres la route principale, et dont je me suis félicité. La dernière descente vers San Sebastián présente une succession de tunnels, mais souvent l’ancienne route est encore présente sur la gauche. Je ne l’ai pas prise pour le premier tunnel, car l’accès en est assez difficile maintenant. Au deuxième tunnel, un mur en béton m’a contraint à tout remonter au bout d’un kilomètre de descente. Heureusement au troisième tunnel, seule une petite barrière en bois a entravé mon passage.

J’avais profité l’année dernière d’un arrêt forcé dû à une fracture de la clavicule pour me plonger dans les listes du club des 100 cols (j’en parle puisqu’il paraît que le BIG et les cent cols sont amis maintenant, mais bon je ne savais pas qu’ils étaient fâchés avant J). Et j’avais donc inclus le col de Laguerode comme possible dernière montée si les horaires de bateau m’en laissaient le temps. Après une minuscule portion en terre au tout début, une jolie route asphaltée monte pendant deux kilomètres dans de très beaux paysages. Je n’ai pas regretté ce dernier détour.

Connaissant les Canaries comme une destination touristique très fréquentée, j’avais fait l’hypothèse que les possibilités d’hébergement me permettraient toujours de trouver un gîte pour le soir. Mais ça n’a pas toujours été très facile. En particulier, lorsqu’arrivé à la Gomera en fin d’après-midi j’ai cherché un hôtel pour le soir à Santa Cruz de la Palma, j’ai été désagréablement surpris. Il m’a fallu tenter plusieurs sites internet pour trouver une dernière chambre libre. De plus, le bateau arrivant à 22 heures, j’ai dû parlementer un peu au téléphone pour que l’hôtelier, qui n’avait pas l’air de sauter de joie, m’attende jusqu’à cette heure-là. Pourtant, avec un seul bateau quotidien, le cas devrait être relativement courant ?

L’unique bateau de retour décollant à 5h15, j’ai pu passer deux nuits dans le même hôtel, ce qui m’a laissé la journée entière pour parcourir La Palma. Et il la faut bien, car si le tour de l’île avec la visite des deux BIG que j’avais tracé ne faisait que 150 km, j’ai fini mon périple avec le dénivelé respectable de 4700 mètres. Cette journée à La Palma a été de loin la plus exigeante.

L’hôtel que j’avais réussi à trouver étant heureusement situé dans le premier lacet d’une route vers les hauteurs, je me retrouve le matin directement sur l’itinéraire du BIG. Mais entre Santa Cruz et le pied de la Cumbrecita se dresse la crête imposante de la Cumbre Nueva. L’itinéraire proposé par le site du BIG est le plus direct, mais il emprunte une route importante et passe par un long tunnel. Peu attiré par l’un et l’autre, je choisis de continuer un peu et de prendre une petite route plus longue mais moins fréquentée, par le village de San Isidro et un col à 1450 m (col de las Breñas pour les 100 cols).La montée vers ce col est très dure, avec de longs passages autour des 10%. A coup sûr il ne déparerait pas dans la liste des 1000 BIG, du moins par ce versant.

Le début de la descente se fait dans le paysage volcanique du Llano del Jable. Je retrouve pour quelques kilomètres la circulation en rejoignant la route du tunnel, et suis soulagé lorsque je peux tourner à droite vers le « Parque Nacional ». La montée de la Cumbrecita, au milieu de la forêt, est agréable et aisée, après ma dure montée initiale. Les six kilomètres sont rapidement avalés et me permettent de décrocher mon deuxième BIG.

En descendant de la Cumbrecita, au lieu de rejoindre la nationale, je tourne tout de suite à droite et traverse El Paso et Los Llanos par de petites rues. Je retrouve ensuite la route car elle est le seul passage pour traverser l’immense entaille du Barranco de las Angustias, qui est l’exutoire de la caldera de Taburiente, une très grande cuvette volcanique sur les bords de laquelle se trouvent les deux BIG de La Palma.

Le pont au plus bas du vallon n’est même pas à 100 mètres d’altitude et il me faut maintenant remonter jusqu’aux 2426 mètres du Roque de los Muchachos. La première étape est la remontée du rempart nord du barranco, qui mène jusqu’aux 594 mètres du Mirador del Time. Après ça, la route continue de monter graduellement pendant plusieurs kilomètres en surplomb de l’océan. Après Tinizara, je tourne à droite vers La Traviesa, ce qui me permet de me retrouver tout seul pendant 12 km sur une petite route forestière, un très bon choix à mon sens. Je retrouve la nationale pour une bonne portion en descente puis quelques kilomètres après j’arrive à l’embranchement de la route vers le sommet.
                                             
A partir de là les virages redeviennent raides, et je commence à sentir les kilomètres, et surtout les mètres gravis, depuis le matin. La progression est lente mais continue et j’arrive enfin à la dernière portion de la montée, une route en cul-de-sac qui traverse l’observatoire en direction du point culminant de La Palma. Je me distrais en regardant les nombreux instruments au milieu desquels la route serpente, dans ce dernier tronçon qui me semble interminable. Enfin j’arrive au parking du sommet, accueilli par deux corbeaux qui semblent des habitués des lieux.

Je m’étais imaginé qu’une fois en haut, il me suffirait de tourner mon guidon dans le sens de la descente pour me retrouver à La Palma en un rien de temps. Mais à la sortie de l’observatoire, la route remonte au contraire pendant un bon moment, une réjouissance que je n’avais pas prévue à mon programme et qui me contrarie quelque peu sur le moment. J’arrive enfin à la vraie descente, mais je ne suis toujours pas content. En effet, je me retrouve en fin d’après-midi du côté de l’île qui n’est plus ensoleillé et il me faut descendre très bas pour retrouver des températures qui ne soient pas trop désagréables. Je me trompe un peu en arrivant vers Santa Cruz et m’inflige une dernière petite montée superflue, mais retrouve enfin mon hôtel, heureux de ma journée. J’ai grimpé trois BIG en deux jours, il me reste maintenant quatre jours et demi pour traverser Tenerife et la Grande Canarie, je suis à peu près certain maintenant de remplir le programme initial.

Il ne fallait pas malgré tout que je rate le bateau de 5h15, mais avec deux réveils enclenchés je n’ai pas eu de problème. L’avantage d’un départ si matinal est que je me retrouve à Los Cristianos dès huit heures et demie pour attaquer la montée vers le Teide. La route s’extirpe peu à peu de la circulation côtière et offre bientôt quelques vues vers la mer. Lorsque je tourne en direction de Vilaflor la circulation s’atténue et la forêt fait son apparition. Au fur et à mesure de la montée celle-ci disparaît, le paysage se fait de plus en plus minéral et l’île de La Palma commence à apparaître. A partir de Boca Tauce, on pénètre dans une très vaste plaine volcanique, aux paysages et aux couleurs excessivement variés. La route ondule au pied du Teide et le BIG arrive au hasard d’une de ces ondulations.

Les cyclistes ne manquent pas au Teide, contrairement à La Palma et La Gomera, où j’étais à peu près le seul, et les professionnels en stage de préparation sont nombreux. Pendant que je reprenais des forces au BIG, je vois passer deux membres de l’équipe Sunweb. Un peu plus tard dans une descente, je croise quatre Astana, dont Alexey Lutsenko qui devait gagner le tour d’Oman quelques jours plus tard. J’aime à penser que c’est un peu grâce à moi.

Le trajet continue, toujours dans un paysage volcanique, jusqu’à l’observatoire qui marque la sortie de cet univers tellurique. La descente traverse une très jolie forêt de pins où ma nouvelle passion pour les 100 cols me fournit des jalons bienvenus. En continuant la descente je retrouve la civilisation et des paysages plus urbanisés. J’avais envisagé au départ de faire les deux BIG de l’île dans la journée, mais des petits pépins avec mon paquetage ainsi que des caprices de mon appareil photo me retardent régulièrement, c’est donc en début de soirée que j’arrive à San Cristobal de la Laguna, une grande ville où je n’ai pas de mal à trouver un hôtel.

Le lendemain matin, je pars vers le Pico del Inglés et la visite du massif d’Anaga. La montée est progressive à travers la vallée au nord de la ville. Après le village de Las Mercedes la pente est un peu plus soutenue sans être jamais très dure, et je me demande quand les difficultés vont arriver. Le Pico del Inglés est un cul-de-sac au bout d’une petite route d’un kilomètre de long, et je m’attends à un kilomètre difficile. Mais c’est tout le contraire, et c’est au bout d’un tronçon plutôt descendant que j’atteins mon cinquième BIG. Je comprends alors qu’il est là plus pour la qualité de ses paysages que pour la difficulté sportive, et ce petit intermède est bien agréable, après ce que j’ai vécu au Teide et au Roque de los Muchachos, et avant ce qui m’attend à la Grande Canarie.

Je me repais quelques instants de la vue, qui donne aussi bien sur le Teide derrière moi que sur les vallons qui descendent vers la mer de chaque côté. Après le BIG, le parcours continue par une petite route tranquille sur la crête de la péninsule. Les vues magnifiques vers la mer se présentent de chaque côté, pendant que je roule au cœur d’une forêt beaucoup plus variée et plus dense que dans les autres parties de l’île que j’ai pu visiter jusqu’à présent. Arrive finalement la descente vers Santa Cruz de Tenerife. Je traverse à son pied les maisons colorées de San Andrés, agglutinées sur leur colline, et avale rapidement les quelques kilomètres sur la grande route du littoral qui me séparent du port, d’où je pars vers ma dernière île, la Grande Canarie.


A la sortie du port d’Agaete, j’évite la grande route de Las Palmas en prenant la direction de Piso Firme. A Gáldar je m’arrête quelques instants au supermarché acheter de quoi tenir jusqu’au soir et j’attaque la montée vers l’intérieur de l’île. Je traverse le village de Buenavista en me disant qu’il a quelque raison de s’appeler ainsi. Plus loin, à la sortie de Fagajesto, une descente très raide, que je retrouverai le lendemain au moment où je m’y attendrai le moins, me fait perdre un peu d’altitude, et un peu avant Juncalillo, je prends à gauche un raccourci que j’avais repéré sur la carte et qui fait gagner quelques kilomètres en évitant le village.

Une petite route à droite m’amène en surplomb d’un vaste ravin. La grosse boule du radar qui marque mon but apparaît au loin sur l’autre versant, mais la profondeur de la vallée devant moi m’effraie un peu. Heureusement, la route tourne pour suivre le flanc de la montagne, et la descente vers le col, la Cruz de Tejeda, qui marque le fond du vallon n’est pas trop importante. Au col, une petite route monte en face, marquée d’un panneau « Pozo de las Nieves », ce qui est bon signe. Si le cycliste a en général à se féliciter de l’état des routes aux Canaries, cet agréable état de choses ne s’étend pas jusqu’aux plus hauts sommets de la Grande Canarie. Au contraire, le bitume est particulièrement granuleux et dégradé, jusqu’à mon arrivée au sommet. Mais ce n’est qu’un détail insignifiant alors que je suis envahi par la satisfaction d’avoir atteint mon dernier BIG et complété ainsi l’ensemble des îles Canaries.

Le bateau ne m’avait lâché que vers 13h30. La longueur de la montée combinée à mes nombreux arrêts photos fait que j’arrive au sommet alors que le soleil est déjà très bas sur l’horizon. Je me dis que je ne suis pas à quelques minutes près et me paye un coucher de soleil sur le Teide depuis le Pozo de las Nieves. Quand le soleil s’est couché, il est temps pour moi de redescendre de la montagne pour faire de même. Une défaillance de ma lampe me contraint à un arrêt non prévu pour récupérer celle de rechange au fin fond de mon paquetage, et il fait nuit noire durant ma descente vers Ingenio, par une route qui m’a l’air bien raide. Les hôtels semblant rares dans cette ville, je continue vers Agüimes où j’ai la chance de trouver à la Casa Rural La Piedra Viva une chambre à l’intérieur d’une petite cour très agréable. Un petit saut dans une supérette encore ouverte me fournit le repas du soir et quelques victuailles pour le lendemain. La vie est belle !

Mon programme de grimpée des BIG s’étant parfaitement déroulé, je dispose d’une journée entière pour compléter ma visite de la Grande Canarie. Comme la veille, je la traverse en biais, par un itinéraire légèrement plus au sud. Je commence par une bonne montée jusqu’à l’observatoire de Temisas, puis traverse un plateau pour redescendre vers Santa Lucia et un petit déjeuner bienvenu. La montée reprend vers le col de Cruz Grande. Arrivé à Ayacata, je réalise que le Roque Nubio est tout proche, et décide de monter le voir, car depuis la veille il semblait omniprésent dans mon paysage. Sans prendre le sentier qui arrive à son pied, je m’en approche suffisamment pour me dire qu’il est plus impressionnant vu de loin, alors qu’il semble flotter au-dessus des montagnes.

Je fais demi-tour, retraverse Ayacata et peu après tourne à droite en direction d’El Carrizal. Après avoir franchi un petit col, je me lance dans une longue descente qui traverse les villages d’El Toscon et d’El Carrizal. Quand j’arrive à la Mesa del Junquillo, la route plonge vers le barrage en contrebas, avec des pentes qui me font dire que j’ai bien fait de la prendre dans le sens de la descente. Pendant que j’avance prudemment, les mains serrées sur mes freins, je croise deux coureurs de l’équipe Education First qui, tout professionnels qu’ils sont, ont l’air de bien s’employer dans la montée. Mais c’est bientôt mon tour, une fois que j’ai dépassé le lac, une longue montée m’attend jusqu’au col de la Cruz de Acusa.

Je pars ensuite me balader sur la route forestière de Tamadaba, retourne vers Artenara et me dis qu’il est temps de rejoindre Agaete si je veux attraper le bateau de 18 heures. Je réalise alors que je ne suis pas si près que cela, que d’un côté ou de l’autre j’aurai quelques montées à franchir et que je ne suis pas aussi large que je le pensais jusqu’à présent. Après avoir regardé les différents chemins possibles, je décide de passer par Las Hoyas, ce qui me permet de côtoyer des lacs charmants, mais après lesquels la route remonte pendant un certain temps. Je retrouve la route principale juste avant Fagajesto et sa montée assassine que j’avais descendue la veille. Mais arrivé en haut de cette montée courte bien que rude, le plus dur est fait. Je n’ai plus qu’à me lancer à corps perdu dans une descente à peine entrecoupée par deux petites remontées que j’essaye d’avaler le plus vite possible.

Plus j’approche du port, plus je me dis que je vais réussir à attraper le bateau. J’arrive sur les quais un petit quart d’heure avant le départ, mais le temps de prendre mon billet et de monter à bord, les portes se ferment au moment où je suis en train d’amarrer mon vélo. Enfin, ce petit sprint me permet de débarquer à Santa Cruz à une heure raisonnable et je n’ai aucune peine à trouver un hôtel dans la capitale de Tenerife.
Le lendemain je n’ai à mon programme que les 100 km qui me séparent de Los Cristianos. Je prends donc le temps de savourer le petit déjeuner de l’hôtel avant de prendre la direction du sud. La route entre Santa Cruz et Los Cristianos est très tranquille et agréable. Elle serpente et ondule le long du versant sud de l’île en offrant de beaux paysages et en traversant de jolis villages. J’en profite largement en sachant que la fin de mon séjour est proche. Je me fais aborder par un cycliste du coin qui me voyant avec mes sacoches me parle aussi de ses voyages (il est allé en Norvège l’été précédent). Nous passons un moment agréable à discuter dans notre anglais respectif du voyage à vélo et tous ses à-côtés.

Los Cristianos finit par arriver. Je rejoins mon dernier hôtel, un peu malheureux que le voyage soit terminé. Le lendemain je consacre la matinée à quelques achats et à la visite de Playa de las Americas, la station balnéaire chic qui touche Los Cristianos. Je vais me promener le long de la plage, regarde évoluer les surfeurs qui sont nombreux, descends jusqu’au bord de la mer tester la température de l’eau… Mais l’heure approche où je dois reprendre l’avion. Je vais donc rendre mon vélo et reprends en taxi le chemin de l’aéroport. Là encore, comme à l’aller, tout mon barda cycliste passe les contrôles sans problème (j’appréhendais un peu le passage avec des multi-outils et autres dérive-chaînes mais tout s’est bien passé) et je me retrouve bientôt dans l’avion de Nice.

J’ai été enthousiasmé par les Canaries. J’ai trouvé la température encore plus douce que je l’imaginais. J’ai été ravi de pouvoir rouler début février en manche courte en attrapant des coups de soleil. Les paysages, bien que différents, sont aussi beaux que dans les Alpes-Maritimes et les parcours largement aussi ardus. Je retournerai très certainement dans ces îles qui sont relativement proches en avion, et où il me reste encore beaucoup d’endroits à visiter, même si les BIG sont terminés. L’appel de Madère et des Açores, qui sont pour moi encore terre inconnue, risque de reporter ce retour d’un an ou deux. Mais j’ai vraiment apprécié très fort mon séjour aux Canaries

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