samedi 26 octobre 2019

Toscane, Marches, Ombrie, Saint-Marin

Vers la mi-octobre, je me suis décidé très rapidement pour une balade BIG, vite avant que l’hiver n’arrive. J’avais d’abord envisagé l’Adriatique, en descendant de Trieste à Split et retour par Ancône, mais le programme était trop dense pour le temps dont je disposais et j’ai donc opté pour la proximité et l’Italie. Le passo de la Futa étant le BIG le plus au nord de ceux qui me restaient dans la Botte, je décidai donc un départ depuis Florence.

Comme souvent mes voyages en Italie commencent par une petite balade matinale pour aller prendre le train à Vintimille. Cette fois-ci les ennuis arrivent dès le départ puisque je casse une pédale du côté de Roquebrune. Heureusement je prévois toujours large quand il s’agit d’attraper un train et j’arrive malgré tout à temps à la gare. A Florence, je descends à la station de Rifredi, car mon téléphone m’avait signalé un magasin Décathlon tout proche. Et ainsi, quelques minutes après, je reprends la route avec une paire de pédales toutes neuves.

La route monte dès la sortie de Florence, mais à Pratolino un virage à gauche marque le début d’une longue descente jusqu’au lac de Bilancino. J’arrive alors sur une route très fréquentée et me dépêche de tourner à droite vers Galliano. La route est d’abord assez plate avant de monter un long moment, puis de redescendre un peu en passant devant l’important établissement de l’eau minérale Panna. Je recommence à monter jusqu’au col, où je fais demi-tour pour me diriger vers le passo La Calla. Je reste pour la descente sur la route principale, pour m’éviter la remontée de Panna, mais toutes les montagnes russes que je dois franchir me font dire qu’elle ne fait pas gagner beaucoup de dénivelé.

J’avais étudié les distances et les dénivelés pour rejoindre le passo la Calla, et j’avais conclu que l’option la plus courte passait par Castagno d’Andrea. J’avais bien vu qu’il y avait une partie non goudronnée dans la montée, mais je l’avais largement sous-évaluée. Elle fait largement plus du double des 3 km que j’avais mesuré sur la carte, est par certains moments complètement non cyclable et passe pour couronner le tout par un col à 1500 m. Tout cela explique que j’arrive au passo la Calla beaucoup plus tard que prévu et c’est dans la nuit que je parcours la descente jusqu’à Stia, où je profite de mon premier hôtel.

Le lendemain matin, je descends la vallée de l’Arno jusqu’à Poppi, où je prends la direction du passo dei Mandrioli. Arrivé en haut, je ne redescends pas de l’autre côté, même si juste après le col un magnifique panorama se découvre vers la Romagne, mais je fais demi-tour en direction du sanctuaire de la Verna. Arrivé au sanctuaire, je cherche un endroit joli pour la photo souvenir. Je m’avance dans la direction que prennent les nombreux visiteurs du lieu (nous sommes dimanche), contourne les bâtiments, passe sous un porche et arrive enfin sur une belle esplanade, d’où la vue s’étend sur tous les alentours, et où une immense croix fournit un repère idéal pour marquer l’arrivée du BIG.

Après la petite remontée du valico della Spina, je descends vers Pieve Santo Stefano, d’où je me dirige vers le Monte Fumaiolo. Je remonte la vallée du Tibre sur une petite route où je suis pratiquement seul, grâce à l’autoroute qui parcourt la même vallée. En traversant le village de Valsavignone, je crève, mais j’ai beau examiner mon pneu, je ne trouve pas la cause de la crevaison (j’aurais dû mieux regarder, car je vais encore être très embêté avec ce pneu). Après avoir réparé, je continue la montée jusqu’au Monte Fumaiolo, aux sources du Tibre. J’ai découvert par la suite qu’il y avait une fontaine officielle à proximité du col, mais je n’y suis pas allé.

J’attaque la descente en direction de Rimini et de Saint-Marin. Nous sommes dimanche après-midi et je me retrouve bientôt au milieu des nombreuses voitures des promeneurs qui redescendent des montagnes. A Novafeltria, nous sommes arrêtés quelques minutes pour laisser passer un flot ininterrompu de voitures descendant des montagnes environnantes. A partir de là, je roule dans un embouteillage continu jusqu’à la bifurcation vers Saint-Marin, où la circulation reste quand même assez dense.

J’arrive en haut au moment où la nuit tombe, parcours quelques ruelles de la vieille ville, prends quelques jolies photos des châteaux surplombant la falaise et redescends vers la vallée de la Conca. Je pensais trouver un hôtel sur la route de Carpegna mais les possibilités ne semblent pas très nombreuses. Il est déjà tard, et à ce moment je crève une deuxième fois. Je répare rapidement, il fait nuit noire, et je me dis qu’il n’est plus possible d’arriver à Carpegna à une heure raisonnable, je m’affole un peu et je reprends donc la direction de la descente en me disant que j’aurais plus de chance de trouver un hébergement. Entre hôtels fermés et B&B complets, je finis très loin de mon parcours, à Morciano di Romagna. Mais bon, je suis logé, quelques kilomètres en plus me préoccupent beaucoup moins que mon pneu arrière qui crève à répétition.

Je repars le lendemain en me disant que j’achèterai un pneu à la première boutique de vélo ouverte, mais elles sont rares dans ma direction. Après avoir remonté tout ce que j’avais descendu la veille,je tombe sur des panneaux indiquant que la route est fermée et m’envoyant sur une petite déviation au milieu des collines. Je tourne tout en me disant que j’ai tort, et effectivement j’ai l’impression d’avoir été le seul. La route monte, puis descend très raide, et se dégrade très fortement. Dans une énième montée raide, je crève une troisième fois. Cette fois-ci plus qu’une seule chambre à air de rechange, je passe alors un long moment à regarder mon pneu sous toute les coutures et finis par trouver un fil de carcasse qui dépasse. Je le recouvre, regonfle et repars en priant avoir trouvé l’origine du problème.

A Macerata Feltria, je me retrouve sur des routes plus carrossables et avance vers Carpegna où il y a apparemment un magasin de vélos. Mais déception, il est fermé et semble être de toute façon spécialisé dans le VTT électrique. Il ne me reste plus qu’à continuer mon programme et grimper le BIG spécial Pantani. La route est minuscule, très raide et irrégulière, mais des panneaux indiquant le kilométrage restant à chacun des 22 virages permettent de mesurer son avancée. De temps en temps, des reproductions de journaux rappellent les grandes heures du Giro sur le Monte Carpegna. Tant et si bien que j’arrive en haut, accueilli par un Pantani plus grand que nature.

Après la descente je continue, toujours préoccupé par mon pneu. Le moindre passage sur un goudron irrégulier me fait craindre une crevaison, je roule vraiment avec une épée de Damoclès au dessus de la tête. Je rejoins Borgo Pace par le passo della Spugna, non goudronné en partie, et commence la montée de la bocca Trabária, heureusement sur une route impeccable. Enfin, en bas de la descente, dans la ville de San Giustino, j’achète un pneu tout neuf et refais mon stock de chambres à air, je suis sauvé. Après avoir passé toute la journée avec la hantise d’une crevaison fatale, je suis un peu usé moralement et me contente ensuite des quelques kilomètres jusqu’à Citta di Castello où je m’arrête pour la nuit.

Le lendemain matin la ville est plongée dans le brouillard lorsque je repars vers le Monte Nerone. Heureusement pour moi, j’en sors rapidement en gravissant les pentes de la bocca Seriola. Après la descente et avoir tourné vers le Monte Nerone, je suis intrigué en traversant le village de Colombara par ce qui me semble être une immense mappemonde, et effectivement il s’agit de la Mappemonde de la Paix, construite à l’initiative d’un habitant du village, Orfeo Bartolucci.

Après une petite pause à Serravalle di Carda, j’attaque la dernière partie de la montée, où je peux prendre de jolies photos de la route que j’emprunte et du Mont Carpegna que j’ai grimpé la veille. Je monte jusqu’au portail de l’antenne (on ne peut aller plus haut), je me repais du paysage à 360° que l’on découvre de là-haut, puis je redescends en direction de Pianello. Après un beau monument au passage du Giro 2009 et une petite remontée, la vraie descente commence. La route se love tout d’abord en larges lacets au milieu des près avant de rentrer dans la forêt. Il faut vraiment faire attention car la route est très dégradée et pleine de trous, on se demande comment le tour d’Italie est passé par là il y a tout juste dix ans.

Une petite montée par une route très tranquille vers le village de Moira, la descente suivante et la montée du passo della Scheggia m’amènent sur une route plutôt descendante jusqu’à Fossato di Vico, au pied de la Cima Mutali. Ce BIG est le pendant du Monte Carpegna : même distance, mêmes fortes pentes sur une petite route isolée. J’entends passer des trains pendant ma montée, j’aperçois des rails en retraversant la ville, mais je ne cherche pas plus loin, alors qu’une jonction en train m’aurait sans doute fait gagner du temps et surtout éviter pas mal de nationales inhospitalières.

Je prends donc en vélo la direction de Fabriano. Je m’inquiète un peu car des panneaux annoncent la route fermée, mais il s’agit de l’ancienne nationale, remplacée aujourd’hui par la SS 76. Et de ce fait la vieille route que j’emprunte par le valico di Fossato est tout à fait tranquille. A Fabriano il est un peu trop tôt pour que je m’arrête, et je décide de pousser jusqu’à Matelica à une vingtaine de kilomètres. Je fais les choses bien, appelle un hôtel et lui dis que j’arriverai dans une petite heure. Mais je me retrouve complètement perdu à la sortie de Fabriano dans un réseau de nationales inextricable, je suis dirigé vers l’est alors que ma destination est au sud, bref j’essaye alors de rejoindre mon itinéraire par un petit chemin que me montre la carte.

Résultat, je me retrouve sur une piste en terre, traverse une voie ferrée par un passage souterrain et arrive finalement devant la barrière d’une propriété privée. Je ne sais pas où aller sinon, alors je continue, pousse mon vélo dans une montée pour les tracteurs, fais demi-tour, reprends une autre piste en montée et me retrouve finalement sur un chemin plus carrossable. Je suis heureux de franchir une autre barrière qui me fait sortir de la propriété privée, et me retrouve enfin sur une route. J’ai compris plus tard qu’il aurait suffi que je continue sur la route où j’étais pour arriver tranquillement à Matelica en contournant la colline que je me suis évertué à grimper. Quoi qu’il en soit j’arrive à l’hôtel, un peu plus tard qu’annoncé, mais cela fait partie des petits aléas de la balade.

Le lendemain, je me réveille très tôt et comme je sais que j’ai jusqu’à San Severino Marche un parcours sur une nationale difficilement évitable, je décide de partir tout de suite. Effectivement le trafic est supportable au début, mais se densifie peu à peu et je suis bien content de pouvoir à Rocchetta quitter la nationale pour me retrouver sur des routes plus accueillantes qui m’amènent en longeant la rivière jusqu’au pied de Montelupone. Après avoir grimpé ce BIG plutôt littoral, je retourne vers les montagnes en me dirigeant vers Amandola. Là encore la circulation est très dense, tant est si bien que je quitte la route directe et passe par les villages perchés de Torre San Patrizio, Rapagnano et Montegiorgio. Après être descendu, je retraverse la nationale vers Belmonte Piceno et Servigliano et retrouve enfin la route d’Amandola, beaucoup plus tranquille maintenant.

Les montées et les descentes se succèdent jusqu’au dernier embranchement pour la Forca di Presta où je me retrouve brutalement écrasé par l’immense muraille du Monte Vettore qui apparaît face à moi. Après avoir franchi le col, je profite des dernières lueurs du jour pour découvrir le Pian Grande, une vaste plaine insolite de par ses dimensions, son aspect totalement plat et la ceinture apparemment ininterrompue de montagnes qui l’entoure. J’en sors par une montée qui m’amène vers les derniers kilomètres de la Forca Canapine.

Je me faisais du souci pour ce col, car j’avais pu suivre sur le site BIG les comptes rendus disant comme la route avait souffert des tremblements de terre. Mais j’ai eu le soulagement de constater que la route était maintenant complètement refaite, et qu’on pouvait monter jusqu’au col sur un revêtement tout neuf. Dès après le col en revanche, la route est toujours bloquée et je ne sais pas dans quel état se trouve la descente vers Tufo. Je fais donc demi-tour en direction de Norcia où, d’hôtels fermés en hôtels complets, je me retrouve au palazzo Seneca, un hôtel de grand luxe, mais on ne se refuse rien lorsqu’il s’agit des BIG.

Le lendemain, je m’élève au dessus de Norcia jusqu’au passo della Civita, puis redescends vers Leonessa. Une brève montée avant d’arriver m’amène au pied du Terminillo. Allez, plus que 1000 mètres de dénivelé et j’ai fini ! La montée de la sella de Leonessa se fait en grande partie dans la forêt, en suivant d’abord le fond de la vallée, puis avec de plus en plus de lacets au fur et à mesure qu’on s’élève. En sortant de la forêt, on aperçoit à gauche la route qui s’accroche à une falaise, et à droite la cime du Monte Terminillo. Encore quelques lacets et je suis au col, quatorzième et dernier BIG de mon périple.

Je me lance dans la descente, traverse la station de ski de Terminillo que je n’imaginais pas aussi grande, et arrive à la gare de Rieti. Je n’ai pas le choix, car une seule ligne y passe, qui va à Terni. A partir de Terni, je dois redescendre à Rome prendre un train qui, j’espérais,me permettrait d’être le soir à Vintimille. Mais le trop grand retard de ce train m’oblige à dormir à Milan, et c’est donc seulement le lendemain midi que je suis de retour à Nice.
Plus de photos : http:/cathie.charbonnier.free.fr/piwigo/index.php?/category/167

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